Dynamique neuronale de la méditation en pleine conscience et de l'hypnose

On ne présente plus la méditation pleine conscience et l'hypnose. Ces deux thérapies non-médicamenteuses sont parmi les plus conseillées et le plus éprouvées scientifiquement pour la gestion du stress et de la douleur chronique et autres troubles chroniques.

Des chercheurs de l'Université Lyon 1 (🐓🇫🇷 cocorico !) ont récemment publié une étude visant à comparer la dynamique neuronale qui sous-tend la méditation pleine conscience à celle de l'hypnose.

Dr Prisca Bauer, l'une des chercheuses qui a réalisé l'étude, précise : “La méditation et l'hypnose semblent assez différentes, mais elles ont aussi des caractéristiques communes. Bien que la méditation et l'hypnose aient été étudiées scientifiquement depuis des décennies, il existe très peu d'études les comparant.”

L'étude du Dr Bauer et de ses collègues utilise l'électroencéphalographie intracrânienne (iEEG). L'IEEG est une technique invasive qui consiste à implanter des électrodes dans cerveau du sujet. Ce n’est donc pas indiqué pour n’importe qui. “Nous avons demandé à certains patients épileptiques qui devaient subir la procédure s'ils voulaient participer à l'étude, et si oui, nous les avons suivi pendant deux semaines après implantation des électrodes.”

“Nous avons comparé trois programmes audio-guidés, chacun d'une durée de 15 minutes”, a déclaré le Dr Bauer. “Le premier était un programme d'errance mentale, durant lequel les participants devaient laisser leur esprit vagabonder. Le second était une méditation guidée, durant laquelle les participants devaient prêter attention aux sensations dans leur corps. Le troisième était un enregistrement d'hypnose, dans lequel les participants devaient imaginer un endroit agréable et sûr et imaginer ce qu'ils y verraient, entendraient, sentiraient, goûteraient et toucheraient.”

Alors que les trois patients participant à leur étude suivaient les instructions des enregistrements, le Dr Bauer et ses collègues ont mesuré leur activité cérébrale à l'aide de l’iEEG. Cela leur a permis d'examiner la dynamique neuronale en temps réel pendant 15 minutes d'errance mentale, de méditation de pleine conscience et d'hypnose, afin de pouvoir ensuite les comparer.

Dr Bauer et ses collègues ont découvert que les trois programmes engendraient une activité dans de grands réseaux cérébraux, qui étaient pour la plupart communs aux trois activités (errance, méditation et hypnose). De plus, leurs résultats ont mis en évidence des réseaux de neurones plus petits qui étaient spécifiques à chacune des activités. Alors que les participants suivaient les instructions, ces réseaux plus petits semblaient être inhibés plutôt qu'activés.

À l'avenir, ce travail pourrait ouvrir la voie à d'autres études comparant l’activité neuronale de la pratique de la méditation et de l'hypnose sur des patients atteints d'épilepsie sévère et qui subissent des procédures iEEG. De plus, comme les participants ont déclaré avoir trouvé les séances guidées bénéfiques, cette étude pourrait inspirer le développement et l'évaluation de la méditation de pleine conscience ou des interventions thérapeutiques basées sur l'hypnose pour les personnes épileptiques.

“Nos résultats sont très préliminaires, car ils sont fondés sur seulement trois participants. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour les confirmer et identifier plus précisément les réseaux impliqués dans la méditation et l'hypnose”, a ajouté le Dr Bauer. “Cette petite étude faisait partie d'une étude plus vaste qui impliquait l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, nous analysons donc actuellement les autres données que nous avons collectées.”

Lien vers l’article (accès payant) : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304394021007242?via%3Dihub